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Alain et Didier en Mission de terrain en Tanzanie 2020
17 février 2020

17 février : derniers jours à Kwermusl

Aujourd’hui, c’est plus cool. On doit compléter nos données par des observations ciblées. On a remarqué hier qu’on perdait le signal glottique au début des consonnes éjectives. On soupçonne un tel mouvement du larynx que les cordes vocales sortent de la zone de détection des électrodes du glottographe.

data evaDonnées sonores, électroglottographiques, pression pharyngale et débit d'air buccal

Je propose de filmer un locuteur de profil et d’observer l’ampleur du mouvement de la pomme d’Adam qui traduit le mouvement du larynx. On prend un peu de scotch solide sur lequel on pose une graduation tous les centimètres puis on colle ça sur le cou de notre locuteur. Effectivement, le larynx se déplace de plusieurs centimètres, exactement comme quand on avale de la salive. Essayez de prononcer un /k/ tout en avalant de la salive et vous parlerez Iraqw. On refait aussi un film sur Basilisa, notre locutrice vedette pour refaire un film sur le mouvement de ses lèvres.

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Après ça, Maarten prépare ses affaires car il doit aller à Arusha avant de partir à Nairobi pour finalement rentrer en Hollande. On fait le point technique, logistique, scientifique, financier puis il nous quitte sur un piki piki, c’est à dire sur une moto taxi. Peur de rien le hollandais.

Après ça, je commence à entamer le cycle des recharges électriques : PC, mac, téléphones, batterie de caméra, appareil photo… car on ne peut pas tout brancher d’un coup sur la batterie solaire. Il faut faire ça à tour de rôle. Je commence aussi à ranger le matos.

Après le repas de midi, on bosse un peu avec Didier puis une heure de sieste. On manque pas mal de sommeil. Puis Efrem nous invite à la promenade.

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Construction

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  d'une maison

Les enfants rentrent de l’école en uniforme vert pour les primaires et gris pour les secondaires.  Certains nous suivent en rigolant. On finit par prendre une photo avec eux.

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On arrive finalement à l’école secondaire du village. Elle a été construite par les villageois et est impressionnante. Ils en sont très fiers et y a de quoi. Les tanzaniens font partie des rares pays africains à avoir pris en main et mis en place une éducation nationale fondée sur une langue africaine : le swahili. Ils ne dépendent d'aucune ex puissance coloniale. Les enfants ont des cours de maths, physique, chimie, histoire, géo, swahili, anglais, biologie et agriculture. Leurs cours sont assez appliqués. Par exemple, en chimie, ils apprennent ce qu'il faut faire pour rendre un sol moins acide pour des cultures le nécessitant. Ils apprennent les réactions chimiques du chlore purificateur d'eau. Le collège a un jardin d’application qui fournit ainsi la cantine. L’eau est récupérée des toits dans des cuves de 5000 litres. L’électricité est solaire. Il manque trois fois 5000 € pour avoir un labo de physique-chimie, biologie et technologie. La somme parait dérisoire compte tenu du résultat. Quand je pense qu’en France, on dépense un million d’euros pour un rondpoint. La démesure est saisissante.

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Faustin, le directeur qui a 35 ans, nous explique qu’il manque de professeurs et que les tanzaniens doivent aller se former à l’étranger. Dans ma tête, je me dis que pour la transition écologique, c’est nous qui devrions venir nous former ici. C’est eux qui ont tout compris. Le coût carbone du village est quasi nul voire positif. La nourriture est majoritairement produite sur place : poules, chèvres, vaches, cochons, maïs, haricots, avocats, épinards, papayes, bananes, riz et mangues un peu plus bas dans la vallée. Energie solaire et chauffage au bois ou bouse séchée. Eau de pluie gérée avec parcimonie. Seules quelques voitures et motos partagées. Vu la quantité d’arbres qu’ils plantent, le bilan est largement positif. C’est clair que la pauvreté est criante, mais c’est général et les gens sont heureux, vivent bien. Ils sont pauvres mais pas misérables. C’est clair que je sens que les jeunes aspirent à une autre vie plus moderne qui les fait rêver. Ils portent des T-shirts Adidas, des shorts Nike... ils ont tous des portables. Certains vont en ville mais je comprends que ça finit souvent mal. Pas vraiment de boulot en dehors de l’agriculture et ça finit dans l’alcool.

A propos d’alcool, après la visite du collège, rendez-vous dans une cabane qui s’avère être le bar du village. Bière Safari locale. Très bonne lager. On discute des heures car il y a des gros orages passagers. En rentrant à pied chez Efrem, guidés à la lampe électrique qu'Efrem a eu la bonne idée d'emporter, on s’arrête vider notre demi-litre de bière absorbée.

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Le repas de Youssef nous attend. Il a mis à l’abris tout ce qui trainait dehors notamment mon panneau solaire et ma batterie nomade. On écoute de la musique et il finit par aller chercher une flute. Je lui joue une chanson irlandaise et un air provençal. Il me joue des mélodies africaines. Il rêve d’avoir une guitare ou un piano. Il voudrait aller à Bagamoyo dans une école de musique pour devenir producteur. Je suis surpris qu’ il soit coupé de la musique traditionnelle. Il n’a aucune percussion par exemple. On finit par aller se coucher car demain, on doit tout ranger puis direction Haydom.

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Alain et Didier en Mission de terrain en Tanzanie 2020
  • En février 2020, Didier Démolin et moi, Alain Ghio, sommes en mission de terrain en Tanzanie. L'objectif est d'enregistrer avec des appareils de laboratoire des locuteurs Iraqw à Kermusl, près de Mbulu, puis des locuteurs Hadza près du lac Eyazi.
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